
Ultra haute sécurité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 26 juillet 2025 11:26
- Écrit par Claude Séné

Depuis quelques jours, la prison de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, qui était en travaux depuis avril dernier, a commencé à accueillir de nouveaux « pensionnaires », 17 pour l’instant sur les 100 détenus considérés comme les plus dangereux, principalement des narcotrafiquants. Cet établissement, à haut degré de sécurité, est le premier d’une série de trois, un deuxième est prévu à Condé-sur-Sarthe dans l’Orne, et un troisième en Guyane. Ce projet de Gérald Darmanin fait suite à un constat accablant qui démontre que dans de nombreux cas, la criminalité organisée, que ce soit dans le domaine du trafic de stupéfiants, de la délinquance ou de la violence « ordinaire », continuait à s’exercer depuis les prisons, devenues des refuges pour les « caïds ».
Faute de pouvoir moderniser l’ensemble des établissements pénitentiaires, le Garde des Sceaux a choisi de regrouper les détenus les plus dangereux dans ces deux ou trois prisons de « ultra haute sécurité », réaménagées à cet effet, et qui bénéficieront d’un taux d’encadrement renforcé. En théorie, ces établissements devraient être étanches vis-à-vis de l’extérieur et entre les détenus. Les téléphones personnels y seront bannis, et de surcroît brouillés efficacement. Commanditer un trafic ou un crime depuis sa cellule sera plus difficile, voire impossible. Les surveillants, en nombre renforcé, seront obligatoirement aguerris et formés pour être incorruptibles. Les familles admises aux parloirs seront séparées de leur proche par un hygiaphone rendant impossible la transmission d’objets venus de l’extérieur, tels que des portables. Les fenêtres des cellules seront renforcées de très fins grillages pour empêcher le trafic traditionnel de cellules à cellules. Les hélicoptères ou les drones seront physiquement ou électroniquement empêchés de voler. L’isolement sera effectif au profit de visioconférences dans toute la mesure du possible. D’autres mesures de sécurité sont probablement prévues, pour faire de ces lieux de véritables bunkers.
L’existence même de ces prisons pose la question de leur légitimité. Récemment, un condamné célèbre, Rédoine Faïd, a porté plainte pour ses conditions de détention, « contraires à la dignité humaine » et la Cour d’appel de Douai lui a donné raison en exigeant de l’Administration pénitentiaire un allègement de ces mesures. Dans le même esprit, une plainte pour abus d’autorité a été déposée à l’encontre de Gérald Darmanin devant la Cour de justice de la République par l’avocat d’un des 17 transférés, pour non-respect de la procédure. Le placement dans ces établissements se fera pour un an, renouvelable. Et ensuite ? Mais surtout, il est ici question de quelques dizaines ou centaines de détenus, alors que le système pénitentiaire est en train d’imploser avec un taux d’occupation des prisons de 133 %, que les matelas installés à même le sol sont légion, que la récidive devient la règle plutôt que l’exception, et que la France se fait régulièrement rappeler à l’ordre par les instances internationales, malgré les demandes constantes du Contrôleur général des lieux de privation de liberté.