Un colosse aux pieds d’argile

Le drame récent qui a touché le Texas avec ses inondations catastrophiques nous fait toucher du doigt la relative impuissance des autorités dans le pays le plus riche de la Terre, mais aussi un des plus exposés aux phénomènes naturels. C’est souvent aux États-Unis que se produisent les incendies les plus gigantesques, les tornades les plus dévastatrices, les précipitations les plus abondantes. La tentation est grande de tout mettre sur le compte de la fatalité, de la malchance, de la difficulté à prévoir ces épisodes de météorologie, comme l’administration de Donald Trump semble vouloir le faire.

Le Président des États-Unis envisage de se rendre sur les lieux de la catastrophe, mais seulement vendredi prochain. Il n’a pas jugé utile de sacrifier son week-end traditionnellement réservé au golf dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride pour se porter au chevet des victimes. Le bilan provisoire fait état de plus de 80 personnes décédées, sans compter les disparus, dont de nombreuses fillettes participant à un camp de vacances sur le bord du fleuve Guadalupe. Une façon de minimiser sa responsabilité vis-à-vis de la population, alors que des spécialistes font le lien entre le défaut de prévision sur place et la mise à pied d’experts en météo et en prévision des phénomènes naturels pour boucler la fameuse loi de finances, adoptée de justesse par le Congrès, et dénoncée par Elon Musk depuis sa brouille avec Donald Trump. La quasi-totalité des scientifiques fait désormais le rapprochement entre le dérèglement climatique et les activités humaines, notamment industrielles. Le président américain s’obstine, contre toute évidence, à refuser de l’admettre, restant ainsi un des derniers climatosceptiques, par pure idéologie, et au mépris des intérêts de la planète et de tous ses occupants.

Cette attitude fataliste vis-à-vis des phénomènes naturels se retrouve dans une autre caractéristique de la société américaine, dont elle n’a pas l’exclusivité, mais qui est fortement répandue, celle des tueries de masse dans les établissements scolaires. Vu de France, où ces épisodes sont plus rares, il semble que la société américaine ne veuille pas faire le lien entre facilité à se procurer des armes, y compris les plus meurtrières, et passages à l’acte. Les réponses vont dans le sens d’une escalade dans les mesures de rétorsion ou le surarmement des professeurs, voire la création de milices d’autodéfense qui ne feraient que rajouter du drame au drame. C’est pourtant le modèle prôné par certains politiciens français, toujours prêts à la surenchère sécuritaire, par conviction personnelle probablement, mais aussi par calcul électoral. Suivez mon regard et vous trouverez le ministre de l’Intérieur, démagogue de plus en plus assumé.