
Sacco et Vanzetti 2
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 27 juillet 2025 10:39
- Écrit par L'invitée du dimanche

Le deuxième procès du 31 mai au 14 juillet 1921 (un an après l’arrestation).
C’est dans une paranoïa ambiante (le tribunal et l’opinion publique sont influencés par l’attentat anarchiste de Wall Street, quatre mois après l’arrestation de Sacco et Vanzetti, qui a fait 38 morts et 200 blessés), avec un juge hostile, que va se dérouler le procès qui devient éminemment politique.
Fred Moore, l’avocat, affirme qu’ils sont poursuivis pour leurs convictions politiques, et que le procès fait partie d’un plan gouvernemental visant à arrêter le mouvement anarchiste aux USA.
Il relève les vices de procédure, par exemple le « tapissage » pour la reconnaissance avec seulement les deux accusés ! Il dénonce aussi le manque de preuves, les témoignages douteux, aussi bien que le rejet des alibis proposés par les témoins à décharge ! Il crée un comité de défense qui œuvrera pendant sept ans et qui récoltera plus de 300 000 $ pour payer l’avocat. Les communistes s’emparent de l’affaire et prennent les deux anarchistes comme symbole de la lutte des classes. En France, comme partout dans le monde, de nombreuses manifestations en leur faveur s’ajoutent aux nombreux comités de défense, l’affaire passionne l’opinion publique particulièrement en Italie. Les fascistes, par exemple, estiment qu’ils sont persécutés en tant qu’Italiens, Benito Mussolini intercède auprès de l’ambassadeur d’Italie aux USA pour obtenir leur grâce, en vain !
Rien n’y fera, le juge Thayer, le 14 juillet 1921, annonce la condamnation à la peine capitale des deux accusés…
Plusieurs militants syndicalistes, soutenus par des bourgeois libéraux de Boston, lancent alors une campagne médiatique nationale et internationale en leur faveur.
Après une tentative de grève de la faim, Sacco sombrera dans la folie et sera interné en hôpital psychiatrique en 1923, Vanzetti en 1925 pour renforcer l’isolement !
En novembre 1925, un bandit, Celestino Madeiros, avoue être l’auteur avec son gang, Joé Morelli, du deuxième braquage, le juge Thayer qui n’aime ni les anarchistes ni les Italiens refuse de rouvrir le dossier.
Un recours en grâce auprès du gouverneur du Massachusetts sera rejeté, l’enquête déclarant que l’appartenance ethnique et politique n’avait pas influencé le procès.
Malgré la mobilisation internationale intense et de nombreux reports, Nicolas, Bartolomeo et Madeiros seront exécutés sur la chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927 à la prison d’État de Charleston.
Un vent de protestation soulève alors le monde entier, contre l’arbitraire et l’injustice, provoquant grèves et manifestations à Paris, Chicago, New York, Bruxelles, Londres, Tokyo…
Sacco et Vanzetti deviennent symboles de la lutte contre les préjugés et l’intolérance.
Le comité de défense des USA récupère les cendres en deux parts. Deux s’en iront en Italie, à Torremaggio et à Villafalleto, et deux à la bibliothèque de Boston.
Pendant plus de 50 ans, historiens, criminologues, se mobilisent pour obtenir la réhabilitation des deux Italiens, ils l’obtiendront en 1977, le gouverneur du Massachusetts, Mikael Dukakis, absout les 2 Italiens, les réhabilite officiellement et déclare « que tous les déshonneurs devaient être enlevés de leur nom pour toujours. »
Victimes de la xénophobie et d’un système judiciaire partial, ils sont entrés dans la culture populaire, littérature, cinéma et musique. Einstein, défenseur de la première heure, écrira : « il faut maintenir vivante dans la conscience de l’humanité l’histoire dramatique de Sacco et Vanzetti pour rappeler que les institutions démocratiques les mieux conçues ne valent que selon les personnes qui s’en servent ».
Cela est encore vrai 100 ans plus tard !
L’invitée du dimanche