
Sacco et Vanzetti 1
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 20 juillet 2025 10:28
- Écrit par L'invitée du dimanche

Traversons l’Atlantique pour raconter en 2 dimanches le plus grand scandale judiciaire de l’histoire américaine.
Le contexte : dans les années 1919, 1920, l’Amérique doit remonter l’économie face à une inflation galopante, 4 millions de grévistes sont responsables de manifestations qui éclatent un peu partout et dégénèrent en affrontements, et ont pour conséquence une montée du syndicalisme.
De nombreux attentats anarchistes visent des responsables politiques, justifiant des mesures de répression contre eux, on leur associe communistes, socialistes américains. Beaucoup sont emprisonnés ou exilés… on amalgame grévistes et étrangers, Italiens, Polonais, venus pour échapper à la misère économique de leur pays. On les associe très vite à la criminalité, c’est « la peur rouge ».
Les grévistes prennent alors la voie révolutionnaire réclamant une société plus juste, sans domination, face à une véritable xénophobie anti-italienne. Commence alors la chasse aux sorcières, beaucoup d’arrestations, de fermeture des locaux syndicaux, des expéditions punitives… « l’industrial Workers of the world » est la réponse au patronat, elle a de plus en plus d’adhérents y compris des étrangers.
Deux braquages dans le Massachusetts, le premier à Bridgewater, raté, le second le 15 avril 1920 à Boston, à South Braintree, responsable de deux morts et de 15 000 $ volés (la paye des ouvriers), entretient un climat de parano, et déclenche une enquête à partir d’une voiture suspectée d’avoir participé au braquage, retrouvée dans un garage, et signalée à la police pour une fausse plaque d’immatriculation.
La police appréhende trois suspects le 5 mai 1920, Sacco, Vanzetti et Orciani. Sacco est en possession d’une arme à feu, un colt 32, même calibre que les balles retrouvées sur les victimes et Vanzetti, un pistolet 38 qui « aurait » appartenu à une des victimes.
Nicolas Sacco est un Italien originaire des Pouilles, arrivé en 1908 aux États-Unis, il a un parcours classique d’un immigré, cordonnier, il travaille dans l’industrie de la chaussure, au bout de cinq ans il est ouvrier qualifié, et il obtient la nationalité américaine. Il est révolté par les injustices sociales, antimilitariste, il refuse de s’engager dans la guerre mondiale, il rencontre Bartolomeo Vanzetti venu du Piémont et marchand de poissons ambulant, tous les deux rejoignent les anarchistes.
Accusés d’être responsables des deux braquages, ils sont arrêtés, Fred Moore spécialisé dans les procès politiques devient leur avocat.
Le premier procès aura lieu le 22 juin, avec des témoins à charge douteux, qui auraient vu de loin le braquage, et reconnu « des Italiens » à partir de la moustache de Vanzetti !
De nombreux émigrés italiens viennent lui donner un alibi, ils sont déboutés par le procureur, le 16 août Vanzetti est condamné à 15 ans de prison pour le premier braquage raté, Sacco prouve sa présence au pointage de son usine le jour du braquage, il n’est donc pas inculpé.
Un deuxième procès, du 31 mai au 14 juillet 1921, s’appuiera sur l’expertise balistique très balbutiante à l’époque, et contestable, plus de 300 000 armes aux USA, ont le même calibre que le colt de Sacco !
Des témoins à décharge, des clients ayant acheté du poisson à Vanzetti le jour du deuxième braquage seront tournés en ridicule par le procureur, qualifiés de menteurs, et récusés. Vanzetti lui-même sera qualifié de tire-au-flanc et de mauvais citoyen pour avoir fui son devoir à la guerre.
Quant à Sacco, il était au consulat de Boston pour renouveler son passeport.
L’invitée du dimanche