Et si ce n’était pas vrai ?

Cette simple question a, en quelque sorte, changé ma vie. Elle émanait de mon professeur de philosophie, qui s’efforçait de nous inculquer les rudiments de ce noble exercice, bien difficile pour de jeunes têtes comme les nôtres. Plutôt que nous seriner les théories des grands maîtres de la profession, en tentant, tant mal que bien, de nous les rendre accessibles, ou au moins compréhensibles, il basait son enseignement sur une sorte de maïeutique socratique en utilisant les évènements du quotidien pour nous accoucher les esprits.

Benalla est-il un gros mytho ?

C’est apparemment la conclusion à laquelle est parvenu le sénateur de droite de la Manche, Philippe Bas, en réaction aux enregistrements publiés par Mediapart sur la conversation entre Alexandre Benalla et son ami Vincent Crase. Selon lui, il s’agirait de fanfaronnades quand l’ancien chargé de mission se prévaut du soutien du « patron », entendez le président de la République. Je sais bien qu’un sénateur ne va pas, par définition, à un train d’enfer, mais cette réaction me paraît tout de même très modérée.

La « valeur-travail »

Le président n’a que ce mot-valise à la bouche, et toute sa philosophie sociale est fondée sur le fait qu’il souhaite valoriser le travail. À l’écouter, il n’y aurait qu’à se baisser, ou traverser la rue, pour en trouver. Le corollaire implicite de cette affirmation est évidemment que ceux qui ne travaillent pas sont des fainéants, voire des parasites, des profiteurs qui vivent aux dépens des « bons citoyens ». Ça, c’est fait. C’est toujours pratique de pouvoir nommer les ennemis du peuple. L’étape suivante, c’est l’ostracisation. Patience, on y arrive.

Le monde à l’envers

Pour ceux qui en douteraient encore, voici une nouvelle preuve que le monde marche sur la tête. On croyait que la dénonciation des violences sexistes avait franchi un pas décisif depuis l’affaire Weinstein et le lancement du mouvement « me too ». On s’imaginait que « rien ne serait jamais plus comme avant », selon la formule consacrée, et que les langues enfin libérées ne resteraient plus dans les poches avec un énorme mouchoir par-dessus. C’est en grande partie ce qui s’est passé, mais le combat est loin d’être gagné, comme en témoignent de récents évènements.