Alopécie

La prise de parole de la Première ministre pour tenter d’expliquer le bien-fondé d’une réforme des retraites de plus en plus rejetée par ceux-là mêmes qu’elle est supposée « sauver » de la banqueroute, a été largement éclipsée par l’interview de son prédécesseur, Édouard Philippe, dont le grand public a oublié jusqu’à l’existence, et qui revient sur le devant de la scène pour de mauvaises raisons. En effet, c’est son apparence physique plus que son positionnement politique sans surprise qui a attiré l’attention, au point de l’amener à expliquer lui-même les raisons de sa transformation. Édouard Philippe, que l’on avait connu grisonnant, poivre et sel, avec un début de calvitie, a perdu ses sourcils, sa moustache, et la pigmentation particulière de sa barbe.

La valeur travail

Si l’on en croit les propagandistes gouvernementaux, au premier rang desquels trône le ministre de l’Intérieur, mais pas seulement, les Français, sous l’influence néfaste des idéologues de gauche, seraient devenus de gros fainéants, qui ne veulent pas en fiche une ramée. Les preuves de cette paresse seraient légion et expliqueraient leur attitude générale. Pour commencer, la retraite à 60 ans serait imposée aux Français, obligés de quitter le monde du travail en pleine possession de leurs moyens. La semaine de 35 heures, les RTT, les congés payés, seraient autant d’incitations à la paresse, et d’ailleurs, l’oisiveté est la mère de tous les vices, c’est bien connu.

À marche forcée

La plupart des observateurs se sont demandé pourquoi le président de la République s’était à ce point précipité pour faire adopter une nouvelle réforme des retraites, alors même que des ajustements prévus par les lois précédentes n’avaient même pas encore été mis en œuvre et que le projet ambitieux précédent de retraite par points avait été désavoué par la nation dans un passé récent. Il semblerait qu’Emmanuel Macron s’attendait à une opposition à son projet, dont il a fini par admettre le côté sacrificiel, après avoir vanté un aspect de justice et d’équité bien difficile à défendre. Il a pourtant vu juste sur un point.

De l’esprit des lois

Vous avez aimé détester l’article 49 alinéa 3 de la Constitution qui permet de faire adopter sans vote une loi chère au gouvernement, vous allez adorer haïr l’article 47, alinéa 1, qui escamote les débats sur le sujet en cours. C’est au nom de cette disposition que le texte supposé réformer le régime des retraites ne sera discuté que très brièvement, 20 jours en première lecture à l’Assemblée nationale, puis 15 jours au Sénat, et basta ! Pour verrouiller un peu plus, si à l’issue de ces courts débats le gouvernement n’obtient pas une majorité absolue, il pourra toujours engager sa responsabilité pour tordre le bras de la représentation nationale.