
Œil pour œil
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 23 mai 2025 10:58
- Écrit par Claude Séné

Un nouveau crime de sang a frappé la communauté juive aux États-Unis avec le meurtre de deux jeunes diplomates devant l’entrée du musée juif à Washington. L’auteur présumé de ce crime politique revendiqué a été arrêté sur les lieux. Il n’a pas opposé de résistance, mais il a crié « libérez la Palestine » à plusieurs reprises. La communauté internationale, y compris la France par la voix du président de la République ou de son ministre des Affaires étrangères, a condamné fermement ce crime. Ce qui n’a pas empêché les autorités de l’État d’Israël d’imputer la responsabilité de cet attentat visant expressément des personnes juives, sinon spécifiquement israéliennes, aux états qui auraient entretenu un climat de « haine antisémite ».
Cette affirmation de Gideon Saar, le chef de la diplomatie israélienne, fait évidemment allusion aux condamnations de la politique du gouvernement de Netanyahou par de nombreux pays et vise en particulier les déclarations d’Emmanuel Macron qui a dénoncé les méthodes employées dans la bande de Gaza, les qualifiant de honteuses ou de scandaleuses. De même qu’aucune cause ne peut justifier le recours à l’assassinat et au terrorisme comme le clament les autorités israéliennes, il n’est pas acceptable qu’Israël, ou quelque état que ce soit prennent argument de ces attentats pour infliger des représailles collectives à des populations civiles qui n’y sont manifestement pour rien. La justification habituelle est la même, quel que soit le pays ou le régime concerné : les combattants ennemis se dissimuleraient au milieu des civils, ou des patients d’un hôpital, ou des élèves dans une école quand elles existent encore, pour se servir des populations comme boucliers humains. Ce qui justifierait d’employer des méthodes confinant à des crimes de guerre.
Au fond, depuis que le conflit israélo-palestinien a débuté, dans un passé lointain appartenant à la nuit des temps, les belligérants semblent se référer à la loi du Talion, universellement connue, mais généralement utilisée à contresens. Cette loi visait à l’origine à introduire une notion de justice collective reconnue par tous, destinée à éviter que chacun se fasse justice lui-même, et instaure un processus de vendetta interminable pour les générations à venir. Son illustration, œil pour œil, dent pour dent, établissait un principe de proportionnalité dans les peines encourues, visant à clore le sujet de la réparation, source de conflits ultérieurs. Au lieu de quoi nous voyons tout le contraire avec des représailles destinées à terrifier l’adversaire pour le dissuader de répliquer, une entreprise nécessairement vouée à l’échec par nature. L’objectif sur lequel les protagonistes pourraient s’entendre est connu depuis longtemps, même s’il reste difficile à atteindre : la solution dite à deux états, chacun étant défini par des frontières sûres et reconnues. Ce qui implique l’arrêt des hostilités que ce soit par des attentats ou des actes de guerre, et la fin des colonisations sauvages en violation des règles internationales. Et, en première urgence, l’acheminement de l’aide humanitaire bloquée aux frontières avant que les dommages ne deviennent irrémédiables.