Zigzags

Quand on a fait de la disparition du clivage droite gauche son fonds de commerce, il faut bien donner des gages aux deux électorats, même si c’est au prix d’une gymnastique intellectuelle parfois compliquée. Dans un premier temps, on a pu se demander quelle mouche avait piqué Emmanuel Macron d’aller rendre visite à l’Algérie, dans le but exclusif, semble-t-il, de réussir un « coup » médiatique. En déclarant que la colonisation avait été un crime contre l’humanité, le candidat savait pertinemment qu’il agitait un chiffon rouge devant la droite et l’extrême droite.

Le déjeuner

Rendons grâce à François Fillon. Son obstination à vouloir à tout prix représenter sa famille politique au risque de la faire perdre durablement nous aura permis de renouer avec le meilleur ennemi de la gauche, la providence des chroniqueurs, j’ai nommé Nicolas Sarkozy. Quel meilleur spécialiste des casseroles judiciaires, à l’exception peut-être de Dominique Strauss-Kahn, aurait pu consulter le candidat embourbé dans des procédures interminables ? Si quelqu’un peut le conseiller dans l’art et la manière de nier la réalité et d’affirmer avec aplomb qu’il est aussi innocent que l’agneau qui vient de naître, c’est bien l’ancien président.

Série noire

Décidément, le début de l’année aura vu la malchance s’acharner sur la police en région parisienne. Quand l’affaire Théo a éclaté, avec cette matraque autonome qui a blessé « accidentellement » le jeune homme à l’anus, on s’est dit que c’était grave, certes, mais que c’était un acte isolé. Et voilà qu’un autre jeune raconte avoir été tabassé par la même équipe de policiers une semaine avant Théo, et que le violeur présumé est connu comme le loup blanc, c’est le cas de le dire, dans le quartier, sous le sobriquet de « Barbe rousse ».

Vergogne (sans)

Ce vieux mot que l’on retrouve dans l’italien vergogna, le portugais vergonha, l’espagnol vergüenza, le catalan vergonya ou l’occitan vergonha, ne s’emploie plus guère de nos jours que pour en souligner l’absence. Et c’est bien cette absence de honte qui me sidère dans l’obstination aveugle du candidat Fillon à mener campagne envers et contre tout. Personnellement, si j’étais soupçonné du millième des agissements frauduleux qui lui sont reprochés, je courrais chercher un minuscule trou de souris dans lequel me dissimuler et y cacher ma honte. Dans le cas de François Fillon, ce n’est plus du courage, mais de l’inconscience.