Dérapages incontrôlés

Les États-Unis la réclamaient depuis longtemps. L’augmentation des budgets de la défense des pays européens membres de l’OTAN jusqu’à 5 % du PIB est passée comme une lettre à la poste pour les 32 pays concernés, y compris la France. La nécessité d’un réarmement dans un monde où les conflits sont malheureusement courants a fait consensus. Mais le plus dur reste à venir. Il va falloir trouver le financement dans un contexte économique difficile. Les solutions consistant à taxer les plus riches étant écartées par le gouvernement, il faudrait rogner les dépenses, y compris en taillant dans les budgets « sensibles », comme la Santé ou l’éducation, ce qui serait, de surcroît, un mauvais calcul à moyen et long terme.

Alors quoi ? Laisser filer les déficits, comme au temps du « quoi qu’il en coûte » ? La France, avec à la tête de l’état un président qui était présenté comme « le Mozart de la finance » était déjà en 2024 en déficit de 5,8 %, au dernier rang des pays de l’Union européenne, et voudrait ramener le pays en dessous des 3 % demandés par Bruxelles en 2029. Car tous ces déficits accumulés pèsent sur l’économie en alimentant un endettement considérable avec des emprunts de plus en plus importants. Dans la zone euro, la France est le troisième pays le plus endetté devant la Grèce et l’Italie, qui sont dans une phase ascendante, tandis que la France aggrave son ratio rapporté au PIB qui atteint désormais 114 %. En dix ans, notre dette a augmenté de 1000 milliards d’euros, et une dégradation de la note de la France pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt catastrophique. D’ores et déjà, les intérêts des emprunts, que l’on appelle le service de la dette, représentent plus de 50 milliards par an, deuxième poste budgétaire de l’état après le ministère de l’Éducation.

On connait les processus de préparation des budgets à l’échelle des ministères. Les grandes orientations et les priorités sont définies tout en haut et sont présentées comme incontournables. Nul doute que celui de la défense voit ses dépenses augmenter considérablement par exemple, et que la part des retraites dans la loi de finances spécifique stagnera. Les différents ministères reçoivent ensuite des lettres « de cadrage » qui fixeront les enveloppes à ne pas dépasser, et toutes ces économies additionnées devraient théoriquement nous mettre à l’abri de dépassements inattendus. Ce qui n’est pas forcément le cas comme en témoigne le déficit public de 2024, passé d’une prévision de 4,4 % à 6,1 %, un dérapage assumé par l’ancien ministre des Finances, Bruno Le Maire, qui s’est dit en substance « responsable », mais pas coupable en accusant notre modèle social. De belles empoignades en perspective pour des orientations très contraintes.

Commentaires  

#1 jacotte 86 27-06-2025 11:34
attention "les petits les sans grade" ça va saigner!!!
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