La mariée était en noir

Le fil directeur du jour sera pour moi ce qui devrait être un jour de fête, et ne l’est pas toujours, pour des raisons parfois bien différentes. Et tout d’abord, ce faux mariage, qui devait se dérouler à Dysneyland Paris, privatisé pour l’occasion, et qui a troublé l’opinion, parce qu’il semblait célébrer l’union entre une petite fille de 9 ans et un jeune homme de 22 ans. On imaginait évidemment une cérémonie mettant en scène un mariage forcé comme il en existe encore malheureusement. Renseignements pris, il s’agissait en réalité d’une mise en scène pour un mariage fictif. La morale est donc sauve, à part l’existence même d’un parc d’attractions fondé sur un piège à touristes idéologiquement contestable.

Si vos moyens vous le permettent, et qu’un parc d’attractions est trop petit pour servir d’écrin à votre cérémonie de mariage à l’échelle de votre immense fortune, faites donc comme Jeff Bezos, et convolez en justes noces en réquisitionnant le symbole absolu du voyage idyllique par excellence, le parangon de la lune de miel, le cadre idéal dont rêvent les candidats à la félicité matrimoniale, j’ai nommé la cité des Doges, posée sur sa lagune, Venise. Toutefois, une partie de la population locale, de plus en plus réduite à sa portion congrue, pour faire place à sa clientèle fortunée, risque de réserver un accueil mitigé au milliardaire et à son épouse, ancienne journaliste influente. Des banderoles hostiles sont déjà déployées, clamant : « no space for Bezos! » alors que le lieu exact et le jour ne sont pas encore dévoilés. Un bel embouteillage de gondoles en perspective ! et des recettes supplémentaires pour la municipalité de la Sérénissime, qui a déjà instauré un péage pour réguler l’accès au centre historique. Le New York Times évalue entre 10 et 20 millions le coût des festivités.

Le dernier fait divers du jour concernera un épisode plus tragique. Après les cérémonies du mariage proprement dit, une fête se déroulait dans cette petite commune du Lubéron, et elle s’est conclue par une véritable tragédie. Quatre personnes extérieures ouvraient le feu sur le véhicule des mariés qui s’apprêtaient à rentrer chez eux. La mariée était tuée, son conjoint, grièvement blessé, ainsi qu’un adolescent de 13 ans, et une femme touchée plus légèrement. Un des assaillants était aussi mortellement blessé, tandis que le reste du commando prenait la fuite. La piste la plus sérieuse serait celle d’un règlement de comptes lié au trafic de drogue. Je laisserai la conclusion à Boris Vian, qui donnait déjà en 1958 ce judicieux conseil sur la vénérable institution : « Ne vous mariez pas les filles ». On vous aura prévenues !