Gouverner, c’est prévoir

Après l’aspect sportif de la victoire du PSG en finale de la coupe d’Europe des clubs champions de football, force est de revenir sur les débordements qui ont accompagné les manifestations de liesse populaire sur les Champs Élysées dans la capitale et dans de nombreuses villes de province. Les autorités étaient prévenues du risque que des casseurs saisissent l’occasion des mouvements de foule pour tenter de piller des magasins, notamment de luxe, ou provoquent volontairement des désordres tels que des incendies de véhicule, comme dans la plupart des évènements festifs, les réveillons de fin d’année par exemple.

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, n’a pu que constater les dégâts, qui sont un moindre mal selon lui, et surtout le décès de deux personnes, l’une à Dax à la suite d’une attaque au couteau, l’autre à Paris après une collision de son scooter avec une voiture. Le préfet de police maintient que le dispositif de police mobilisant 5400 fonctionnaires était « suffisant », tout en reconnaissant « une forme d’échec ». Un euphémisme au vu des résultats. Il prend toutefois sa part dans le bilan plus que mitigé des forces de l’ordre, largement débordées dans la capitale. Ce qui n’est pas le cas du gouvernement et notamment des deux ministres directement concernés par cette situation, dont ils sont directement responsables. Le ministre provisoire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a semblé plus affecté par l’éventualité de l’introduction de la proportionnelle dans les élections législatives, qui entraînerait sa démission, que par son incapacité à tenir son triple engagement de « maintenir l’ordre » négligé par son prédécesseur. En guise d’excuses, il stigmatisme des individus réduits à un statut de « barbares », qui désignait indistinctement tous les étrangers au temps de l’Empire romain. L’allusion et l’appel du pied au Rassemblement national sont transparents.

Quant au ministre de la Justice, Gérald Darmanin, il botte en touche en réclamant des peines plus lourdes, la tolérance zéro et l’incarcération immédiate des fauteurs de trouble, comme s’il était dans l’opposition et voulait se censurer lui-même. Il « oublie » au passage un léger détail. Avant même de durcir le dispositif judiciaire, les prisons débordent avec plus de 81 000 prisonniers pour environ 62 000 places disponibles. En moyenne, la surpopulation carcérale est supérieure à 130 %, ce qui veut dire qu’elle atteint parfois localement 200 % et que de nombreux détenus doivent dormir sur des matelas disposés à même le sol. La proximité d’élections présidentielles anticipées éventuelles n’est évidemment pas sans effet sur les débats actuels. Le nombre de candidats potentiels ne cesse d’augmenter, chacun se jugeant légitime et refusant de devoir être adoubé par une procédure de désignation démocratique. À ce jeu-là, c’est l’extrême droite qui risque de gagner, et les Français de perdre.

Commentaires  

#1 Jacotte44 04-06-2025 17:20
Il y a de la place à Cayenne!!!
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