La moustache

Dans le film adapté de son propre roman, Emmanuel Carrère met en scène Vincent Lindon qui décide un jour de se raser la moustache et se retrouve confronté à son entourage qui lui soutient qu’il n’en a jamais porté. S’il revoit les images de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, Laurent Lafitte pourra toujours prétendre que ce n’est pas lui qui a délivré ce spectacle navrant, car l’individu qui s’agite sous nos yeux ébahis lui ressemble en effet, mais porte une moustache, comment dire pour ne pas être insultant pour les gigolos, improbable.

C’était moins deux

Le coup passa si près que le cheval tomba et que le chapeau fit trois pas en arrière, avait coutume de dire mon père en une citation approximative du poème de Victor Hugo. Vous comprenez désormais d’où me vient ce légendaire sens de l’humour, mais ceci est une autre histoire. Il n’empêche que le gouvernement a dû sentir le vent du boulet puisque les opposants de gauche à la loi Travail ont bien failli réunir les 58 signatures nécessaires au dépôt de la fameuse motion de censure en réponse à la procédure d’adoption sans vote du texte.

Les derniers enragés

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, selon le dicton. La stratégie de Vincent Bolloré est moins subtile. Le président du conseil de surveillance du groupe Canal+ s’est visiblement assigné comme objectif de faire disparaitre de son antenne les derniers trublions du paysage audiovisuel français. Après avoir réussi à placardiser les Guignols, en les ayant dûment débarrassés de leur venin, le patron de la chaîne cryptée s’attaque au Petit Journal, qui avait l’outrecuidance de ne pas réserver ses piques à la gauche et s’était même permis de ridiculiser Alain Juppé dans ses efforts de jeunisme.

Double je

Denis Beaupin, député écologiste accusé de harcèlement sexuel a droit comme tout un chacun à la présomption d’innocence. Toutefois, pour les besoins de cette chronique, je vais être amené à considérer ce qu’il en est si les faits qui lui sont reprochés sont avérés. Ce qui a été l’élément déclencheur, c’est cette initiative de quelques parlementaires, parmi lesquels Denis Beaupin, de paraitre publiquement avec la bouche ornée de rouge à lèvres, pour attirer l’attention sur les violences faites aux femmes, le 8 mars dernier. Une des victimes de Denis Beaupin a décidé que c’était plus qu’elle ne pouvait en supporter et a rompu la loi du silence qui entoure généralement ce genre de pratiques.