
Si près du but
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 25 juin 2025 11:26
- Écrit par Claude Séné

Le Premier ministre, François Bayrou, au lieu de prendre acte, comme il s’y était engagé, de l’échec des négociations entre partenaires sociaux dans ce qu’il a appelé improprement un conclave sur la réforme des retraites, tente désespérément de gagner encore un peu de temps sur le dos des retraités passés, présents ou futurs en jouant des prolongations, dont il ne peut évidemment rien sortir de concret. Selon lui, nous n’avons jamais été aussi « près du but », alors que nous ne sommes d’accord sur rien. Ce qui interroge sur la nature de cet accord introuvable prôné par le Premier ministre, qui a invité les représentants du patronat à lister tous les points de désaccord avec les syndicats de salariés.
Peut-être faut-il remonter un peu dans l’histoire récente du mouvement ouvrier et ses relations avec le patronat et le gouvernement, tels qu’ils ont été révélés par un ancien président du MEDEF. Selon lui, au bon vieux temps, pour régler une question, le pouvoir politique présentait une réforme inacceptable, à laquelle s’opposait fermement la CGT, puis le MEDEF négociait séparément avec la CFDT un compromis permettant à chacun de sauver la face, et l’accord s’appliquait. À condition que, selon la formule d’un ancien syndicaliste, il y ait « du grain à moudre ». C’est précisément là où le bât blesse pour cette réforme des retraites, avec des déséquilibres abyssaux annoncés pour leur financement à moyen et long terme. Au point que même des corrections à la marge sur les carrières longues, ou pénibles, ne sont pas prises en compte. Le pouvoir macroniste a lâché la CFDT, grande perdante de cette séquence, pour s’aligner sur le MEDEF, qui refuse toute concession. Il devra faire face à des motions de censure de la gauche, vouées à l’échec sans le vote du RN qui se réserve pour le rejet du budget 2026.
François Bayrou applique la stratégie de la chute libre, en répétant à l’envi : « pour le moment, ça va » tout en tombant de haut et en espérant un miracle. La question n’est plus de savoir si le gouvernement sera censuré, mais quand ? En question subsidiaire, pour départager les ex æquo, y aura-t-il une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale pour Noël ? Ou avant ? Rien n’oblige le président à y procéder, pas plus qu’à présenter sa démission ou à organiser un référendum, par exemple sur l’âge de départ à la retraite. Le plus probable, c’est qu’il continue une cohabitation de fait en entérinant une alliance à laquelle il se refusait jusqu’ici avec la droite classique, tandis qu’il « s’occupe » avec son domaine réservé, celui des relations internationales, malgré des fortunes diverses, notamment vis-à-vis de Donald Trump, qui ne le rate jamais quand l’occasion s’en présente.