Les nouveaux enragés

Alors que l’on célèbre l’homme du 18 juin 1940, on oublie celui qui incarna l’ordre patriarcal après avoir bafoué les institutions républicaines en s’emparant du pouvoir en 1958 pour s’opposer à un putsch militaire téléguidé pour permettre son retour. Il fera régner pendant 11 longues années une chape de plomb sur une société française corsetée par le respect figé de valeurs dépassées. Dans une magnifique dénégation, digne d’être citée dans tous les manuels de psychanalyse, il s’écriait alors : « pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans je commence une carrière de dictateur ? » Par orgueil, peut-être ?

Indéboulonnable

Le général de Gaulle s’est probablement retourné dans sa tombe en entendant Marine Le Pen revendiquer son héritage à l’occasion du 80e anniversaire de l’appel lancé à la BBC pour inciter les Français à continuer le combat contre l’occupant nazi. À peine moins surprenant, le ralliement de toute la classe politique, y compris l’hommage saugrenu de Jean-Luc Mélenchon que l’on a connu moins révérencieux. Au risque de nager à contre-courant, je me dois de nuancer fortement cet éloge, en distinguant très nettement l’homme du 18 juin 1940, qui a incarné l’honneur de la France, de l’autocrate qui a régné sans partage de 1958 à 1969 selon des choix contestables.

Chassez le naturel

Dans son exercice d’autosatisfaction de dimanche soir, le président de la République a revendiqué ce qu’il a appelé un « choix humaniste », celui de placer la santé au-dessus de l’économie. Encore une fois, il entretient volontairement une confusion entre l’argent de la nation, dont il n’est que le gestionnaire et le sien propre, faisant le généreux avec le produit de l’effort commun, celui qui alimente les caisses de l’état par le biais des impôts, ou celui que nous empruntons, reportant la charge de la dette aux générations suivantes.

Liberté chérie

Si les Français ont retrouvé avec plaisir la liberté d’aller et venir à leur guise sans se soucier d’avoir un motif impérieux pour le faire, et sans subir une limitation dans la distance ou dans le temps, ils n’en restent pas moins soumis à des contraintes qui peuvent empêcher certains actes de la vie sociale, comme les rassemblements sportifs ou culturels. Cependant, l’état d’urgence sanitaire, qui vit ses dernières heures ne saurait être opposé à l’expression des citoyens, selon le Conseil d’État qui a rappelé la liberté fondamentale et le droit à manifester.